6 ans déjà !
1994 / 2000

De 1994 à 1999, il y aura eu un long chemin parcouru pour les militants d'AC!, dans la construction d'un réseau qui lutte contre le chômage et pour les droits des chômeurs et des précaires.

Agir ensemble contre le Chômage et l'exclusion aura connu une évolution et bien des modifications dans sa façon de fonctionner. A l'origine il ne s'agit que d'un simple appel, lancé par des syndicalistes et des chercheurs pour rassembler des organisations syndicales et des associations autour d'une idée : se battre pour «l'abolition du chômage».

A l'époque, c'est plutôt l'apathie en ce qui concerne la défense des droits des chômeurs. Les syndicats qui participent avec le Patronat à la gestion de l'UNEDIC n'en finissent pas de reculer - Hormis la CGT qui refuse de signer - face aux exigences de flexibilité et de précarisation du Patronat. Dégressivité des allocations chômage (décidée en 92), «activation des dépenses passives», conventions de coopération (qui voit une partie de l'allocation du chômeur reversée à l'entreprise qui promet son embauche)... Tout est bon pour donner toujours plus de satisfaction au Patronat.
Face à une situation qui ne cesse d'aggraver pour les chômeurs (de plus en plus nombreux, rejoints par de nouveaux jetés par charrettes par les mêmes patrons qui fustigent leur protection sociale), les gouvernements successifs ne prendront pas leur responsabilité et ce n'est pas la création du RMI en 88 qui peut apporter une réponse satisfaisante.

Les structures de défense des chômeurs ne sont alors pas légion. Les syndicats, dans leur écrasante majorité, n'ont pas compris qu'il fallait soutenir l'organisation des chômeurs. Quelques associations existent mais les chômeurs semble préoccuper bien peu de monde...

Ce sont les Marches, organisées à l'initiative d'AC! en 94 (Marche nationale) et 97 (Marche européenne) qui vont permettre au Mouvement de se structurer. Plus d'une centaine de collectifs se constituent en France, dans la foulée du passage des Marches avec une triple originalité :

Des collectifs qui se composent d'individus de toute sorte, de tous les statuts : des chômeurs, des précaires mais aussi des salariés et des retraités, des syndiqués et des non-syndiqués

Une souplesse dans le fonctionnement : Partout, constitués en association ou non, les collectifs AC! ont un souci de fonctionnement démocratique (avec des prises de décision collectives, et une structuration nationale qui préserve l'autonomie de chacun). La volonté de regrouper chômeurs et salariés est aussi un souci important, pour dépasser les clivages et mener des actions communes pour obtenir un revenu décent pour tous (au SMIC) et lutter contre le chômage et la précarité.
Des modes d'actions originaux : des réquisitions de transports aux réquisitions de richesse (actions caddies dans les supermarchés), en passant par les réquisitions d'emploi (destinées à montrer de manière symbolique les lieux où le besoin d'emplois se fait sentir) et les occupations de lieux symboliques (Assedics, CCAS et autres, qui se sont multipliées en 97/98, permettant de donner un second souffle au Mouvement des chômeurs après les occupations phares de Arras et Marseille) ces actions ont toujours servi un objectif, avec des moyens pacifiques : Faire sortir les chômeurs et les précaires de l'ombre pour crier haut et fort que nous ne nous laisserons plus faire.

Aujourd'hui, AC! se sont donc des centaines de personnes, chômeur(se)s ou non, qui se sont organisés dans des collectifs pour prendre leur destin en main, organiser des actions, mettre en place des campagnes pour défendre nos droits et en gagner de nouveaux.

Et la lutte paie : Les chômeurs ont par leur combat cet hiver et l'hiver dernier, bien plus gagné en force et en considération que dans n'importe quelle pseudo «loi contre l'exclusion». Dans les négociations UNEDIC qui s'annoncent cette force nouvelle pèsera sans aucun doute. AC!, en toute indépendance, continue également d'oeuvrer pour que des ripostes, les plus unitaires possibles se mettent en place contre tous ceux qui veulent nous précariser et nous imposer un système basé sur le profit, avec tous ceux qui pensent qu'un autre avenir est possible.

Demain, dans la construction de nouvelles actions, AC! aura également besoin de vous...