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Femmes
et précarité
les chômeurs
sont des chômeuses !
Le patriarcat
n'a pas attendu le capitalisme pour exister et prospérer.
Mais c'est peu dire que ce dernier tire profit de la domination
exercée sur les femmes et des discriminations à
leur encontre. En mettant en concurrence tous contre tous, le
capitalisme utilise tous les facteurs de divisions qui lui sont
offerts : nationalité, régularité du séjour
pour les sanspapiers, mais aussi le sexe.
Pour les
femmes, l'oppression est double, et le chemin jusqu'à
l'égalité reste encore bien long. C'est ainsi que
les pauvres, de par le monde, sont en majorité des femmes,
tout comme les chômeur-se-s ou, phénomène
plus récent, les précaires.
La précarité
touche davantage les femmes
Le taux de
chômage féminin, sur les 15 dernières années
est resté globalement une fois et demi plus important
que celui des hommes. Il était de 13,8% contre 10,2% à
la fin 98.
D'autre part,
les contrats de travail des femmes sont globalement plus précaires
que ceux des hommes. Par exemple, dans la fonction publique (grande
employeuse de précaires), 31% des femmes ne sont pas titulaires
de leurs postes contre 23% des hommes.
La précarité a aussi une autre forme : le temps
partiel. Les salarié-e-s à temps partiel sont dans
une entreprise celles et ceux qui ont le plus faible taux de
salaire horaire, qui ont moins d'avantages sociaux et restent
à l'écart des promotions, qui accumulent le moins
de points de retraite et d'ancienneté. Ce sont aussi les
plus vulnérables aux licenciements. Le temps partiel,
s'il est de plus en plus répandu et imposé, est
de plus en plus imposé aux femmes : en 1982, 16,4% des
femmes étaient à temps partiel contre seulement
1,9% des hommes ; en 1998, elles étaient 31,4% à
temps partiel contre seulement 5,6% des hommes. Elles représentent
au total 84% des salarié-e-s à temps partiel. Et
75% d'entre elles ne l'ont pas choisi.
Les smicards sont majoritairement des smicardes
On a, dans
le domaine de l'inégalité des salaires entre hommes
et femmes, la conjugaison de deux phénomènes auxquels
s'ajoutent la précarité : le cantonnement des femmes
dans des métiers dévalorisés ; l'inégalité
salariale à qualification égale. En 1996, un tiers
des femmes à temps complet était payée moins
de 1,3 fois le S.M.I.C., contre seulement un cinquième
des hommes. Les femmes sont surreprésentées dans
quelques domaines professionnels, qui sont principalement des
postes d'employées (secrétariat, commerce de détail)
et/ou de domesticité sociale (nettoyage, enfance, services
de restauration et d'hôtellerie, santé, aide sociale).
Même dans le secteur associatif, qui échappe en
partie à la logique capitaliste, elles n'ont guère
le choix qu'entre six secteurs d'activités, qui constituent
60% de l'emploi associatif féminin. Les professions sont
d'ailleurs d'autant plus dévalorisées qu'elles
se féminisent. C'est le cas par exemple de l'enseignement
primaire, aujourd'hui majoritairement assuré par des femmes.
De plus,
même s'il a tendance à se réduire lentement,
l'écart salarial entre hommes et femmes, à diplôme
et expérience professionnelle égaux, reste très
important : 27,2% en France en 1998.
Dernier fait
majeur de ces dernières années : les écarts
se creusent maintenant entre une frange de la population féminine
qui commence à accéder aux postes à responsabilité
et l'immense majorité des femmes, dont la situation s'est
aggravée, principalement en raison de l'accroissement
de la précarité.
Bertrand
DEKONINCK
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