Lesbienne
féministe
Les lesbiennes
sont socialement condamnées à une double opprobre.
Elles n'intègrent pas les comportements dits féminins
(élégance, douceur, passivité) et par leur
choix amoureux, elles ne se dévouent pas aux hommes (soin
du linge, du corps, du repos, entretien de la culture familiale).
En retour, leur sexualité est niée ou détournée.
Se déclarer
lesbienne suscite principalement la peur (remise en cause de
trop de valeurs fondatrices de la société), la
honte (imprégnation des tabous religieux) ou le rire (impossibilité
de croire à l'existence pérenne de couples de femmes).
Un couple
lesbien ne peut avoir d'enfant sans l'intervention d'un homme
ou de la médecine et très longtemps, il a été
frappé du même mépris teinté de pitié
que le couple hétérosexuel stérile. Bien
entendu, de nombreuses lesbiennes sont mères. Leurs enfants
ne souffrent pas plus de déséquilibres que ceux
élevés par une femme et (parfois) un homme.
La fin des
années 70 a vu l'essoufflement des groupes MLF dû
à l'épuisement des militantes. Dans l'après
1981, les groupes féministes «généralistes»
ont été remplacés par des groupes de lesbiennes
politiques dites radicales, occupées à faire valoir
leur droit à la différence, le libre choix de leur
sexualité contre un ordre moral hétérosexuel
et patriarcal.
Par ailleurs, le Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire
(FHAR) fut le premier groupe médiatisé issu des
luttes féministes. Premier groupe mixte, mais qui ne le
restera pas longtemps. Le sexisme du mouvement homosexuel masculin
modifiant le sens des mots «gay» et «homo»
valables pour les deux sexes au départ, le mot «lesbienne»
est rajouté partout et certains groupes se forment en
non mixité.
Les lesbiennes
n'ont certes pas encore toutes supprimé les rapports patriarcaux
(violence physique ou morale, chantage économique ou affectif)
dans le couple, mais par leurs critiques sans concession du système
hétéropatriarcal, elles fournissent des études
et des écrits essentiels pour les luttes des femmes et
des hommes contre le patriarcat.
Anna
et Élisa (Bruxelles)
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