Toutes
des pûtes...
sauf
maman !
C'est
maintenant un vieux poncif : une femme est soit une mère
soit une putain. Entre ces deux extrêmes, point d'existence
possible !
La pute
Si l'oppression patriarcale est présente dans tous les
domaines de la vie des femmes, elle devient particulièrement
«palpable» en matière de sexualité.
Une femme
n'est jamais considérée comme sujet de désir
mais comme objet de désir. On ne lui reconnaît pas
la possibilité d'être active dans son désir.
Une femme qui manifeste celui-ci est une salope, une garce, une
nymphomane Un homme qui présente les mêmes comportements
est un Don Juan, un séducteur
Une femme
n'a pas d'autres options que de se laisser solliciter, étant
entendu qu'elle adore ça. Si elle s'avisait de dire non,
elle deviendrait soit une coincée, soit une allumeuse.
Si une femme a donné un signe d'assentiment ou si son
attitude a été interprétée comme
telle, elle ne peut plus faire marche arrière sans léser
gravement l'homme. La situation inverse n'existe pas, il n'y
a pas d'allumeur. Une femme violée est ainsi toujours
plus ou moins soupçonnée d'être responsable
de ce qu'elle a subi.
De même,
ne pas «aimer les hommes» est pour une femme une
terrible faute. Si les homosexuels hommes sont victimes d'hostilité
parce qu'ils ne correspondent pas au modèle du mâle
dominant, les lesbiennes sont victimes d'une plus grande violence
encore car en tant que femmes, elles devraient être naturellement
dévolues aux hommes.
La mère
Quand elle n'est pas un objet sexuel une femme ne peut avoir
d'autre vocation que d'être mère (encore qu'il soit
possible d'être les deux successivement ou simultanément).
Une femme est censée s'épanouir dans la maternité.
Si elle ne veut pas d'enfant, c'est qu'elle est anormale. Dans
ce contexte, tout ce qui touche au contrôle des naissances
est un enjeu de taille : il s'agit toujours de contrôler
la sexualité et le corps des femmes.
La contraception
et l'avortement sont des droits acquis de haute lutte, perpétuellement
remis en cause par les intégristes de tous poils mais
aussi par les «modérés». Rappelons
que seules les femmes occidentales ont la possibilité
de recourir à des moyens fiables de contrôle des
naissances. En France, de nombreuses inégalités
perdurent. La contraception et l'I.V.G. restent quasi inaccessibles
pour les mineures, les femmes sans papiers, celles qui sont sur
la Sécu d'un mari qui ne veut pas en entendre parler et
surtout celles qui n'ont pas les moyens. En effet, toutes les
pilules ne sont pas remboursées (stérilets, diaphragmes,
spermicides le sont encore moins), car l'on considère
qu'il s'agit de médicaments de confort. Le Viagra va être
remboursé.
L'avortement
quant à lui reste un véritable parcours de la combattante
du fait des délais bien trop courts, des innombrables
embûches posées par les médecins et les personnels
hospitaliers «à clause de conscience», ou
tout simplement du manque criant de Centres d'I.V.G. publics.
A noter que l'avortement n'est toujours pas légalisé
en France, il est simplement dépénalisé,
c'est tout dire.
Enfin il
n'existe pas de contraception masculine, ce n'est pas que cela
soit irréalisable, mais les laboratoires n'investissent
pas dans ce domaine de recherche : les hommes ne se sentent pas
concernés. Tout ce qui tient de la fécondité
et de la reproduction est à la charge des femmes, une
fois encore.
Anne
TURLURE
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