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Debout
les gars,
réveillez-vous
!
La lutte
contre le patriarcat et le sexisme n'est pas qu'une "histoire
de bonnes femmes" !
Depuis longtemps,
des hommes se sont élevés contre l'oppression des
femmes : Condorcet fut de ceux-là, mais aussi bien d'autres,
anonymes ou pas. La Commune de Paris (1871) prononça l'égalité
entre femmes et hommes. Certains hommes ont soutenu les femmes
dans leurs revendications légitimes à l'accès
aux droits politiques et économiques (droit de vote et
d'éligibilité, droit au travail, à un salaire
égal...), d'autres se sont investis dans le mouvement
néo-malthusien pour le droit à l'avortement et
à la contraception. Mais leur action se cantonnait, en
gros, au soutien des revendications féministes, ce qui
n'était déjà pas rien !
Par contre,
pour ce qui est de la réflexion et de l'analyse de l'implication
des hommes dans la perpétuation du système patriarcal,
il faut attendre les années 1970 et l'émergence
du M.L.F. pour que des hommes commencent à s'interroger
et à agir. Cette prise de conscience aboutit alors à
la constitution de «groupes d'hommes». On y discute
des rapports hommes/femmes, de la virilité, des rôles
sociaux sexués, de la sexualité masculine, et de
bien d'autres thèmes touchant à l'identité
masculine. Ces hommes ont en commun le refus de l'aliénation
et du conditionnement des hommes par le patriarcat, le rejet
des stéréotypes et «valeurs» qui leur
sont imposé-e-s (violence, compétition, mépris
des femmes, des homosexuel-le-s, etc). Leur but est de remettre
en cause, individuellement et collectivement, la place et le
rôle des hommes dans la société. Tout cela
est toujours d'actualité, et ces débats, réflexions
et actions sont toujours mené-e-s.
Après
la première «génération» de
groupes d'hommes (peu nombreux mais actifs) qui vécut
jusqu'au milieu des années 80, de nouveaux groupes sont
apparus depuis une dizaine d'années, avec des approches
diverses (thérapeutique, libertaire...). En Europe a été
créé en 1997 le Réseau européen d'hommes
proféministes, afin de mettre en commun les réflexions
et actions antisexistes.
Ce type de
«militantisme» reste encore, hélas ! assez
(trop) marginal. En effet, bien peu d'hommes sont prêts
à jeter au panier leurs privilèges (sociaux, sexuels,
politiques, économiques...) et leur position de «mâles
dominants» : quels avantages y auraient-ils ? Simplement
celui de refuser d'être conditionné, de jouer un
rôle dont on ne veut pas/plus, de pouvoir construire son
identité et vivre sa vie comme on l'entend ; celui aussi
de refuser de dominer, d'exploiter et d'opprimer (consciemment
ou non) plus de la moitié de l'humanité ; enfin,
et surtout, celui de participer à la construction d'une
société où la liberté, l'égalité
et la fraternité ne seraient pas que des mots gravés
aux frontispices des édifices publics mais une réalité
pratique et vivante ! Société qui n'aura pas l'ombre
d'une chance d'exister tant que les hommes acceptent (et perpétuent)
le fait que les femmes soient le «parent pauvre»
de l'humanité, mineures à vie, exploitables, corvéables,
violables et battables (entre autres ignominies) à merci.
Alors, «debout les gars, réveillez-vous...»
!
Laurent
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