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En France,
plus d'une femme sur 3 est victime de
Violence
!
C'est
ce que révèle un questionnaire diffusé par
le Centre national d'Information sur les Droits des Femmes entre
décembre 1999 et mars 2000. Violence conjugale, viol,
violence au travail (les femmes actives, salariées ou
chômeuses, sont quatre fois plus nombreuses à se
déclarer victime de violence), violence physique ou psychologique
La violence que les femmes subissent est multiple.
Violence
conjugale
C'est au
sein de la famille que la violence s'exerce en premier lieu,
sur les filles, les femmes ou les concubines. La femme appartient
à l'homme. Lorsque celle-ci est ravalée au rang
de bien, esclave sexuelle et domestique, il peut en user comme
bon lui semble. S'il n'a plus légalement le droit de vie
et de mort sur sa femme et ses enfants, dans les faits c'est
encore trop souvent le cas. Chaque année des femmes meurent
sous les coups de leur mari ou compagnon. La violence conjugale,
bien que fort répandue, reste un sujet tabou. Le phénomène
est parfois minimisé par des médecins, qui refusent
de signer les certificats d'incapacité, par la police
qui ne prend pas toujours ces situations au sérieux et
bien souvent par les femmes victimes de violence elles-mêmes.
Cette violence est tout autant physique que psychologique et
revêt de nombreuses formes : coups et blessures, viols,
menaces, climat de terreur, humiliation perpétuelle. A
la violence s'ajoute la plupart du temps la dépendance
financière et psychologique des femmes envers leur compagnon,
dépendance que celui-ci entretient alors avec soin.
Les femmes
victimes de violences conjugales, comme dans le cas du viol,
sont toujours soupçonnées d'être plus ou
moins responsables de ces violences. Ce qui n'est pas socialement
admis, ce n'est pas qu'un homme soit violent, c'est qu'une femme
se laisse faire : si elle reste auprès de son bourreau,
c'est qu'elle «y trouve son compte».
De l'insulte
au viol
La violence
que les femmes subissent, qu'elle ait lieu en famille, au travail
ou partout ailleurs, revêt souvent un caractère
sexuel, de l'insulte au viol. Le patriarcat transforme la sexualité
en instrument d'oppression. Les femmes sont des proies, les hommes
des prédateurs. Le vocabulaire sexuel en témoigne,
et les analogies guerrières ou de chasse sont nombreuses
: on ferre une femme, on la prend, on la saute... De toutes façons,
elle est passive. Cette vision de la sexualité est encore
renforcée par les clichés que véhicule généralement
la pornographie. Celle-ci est de plus en plus répandue
et facile d'accès. Les adolescents d'aujourd'hui y font
leur apprentissage sexuel avec toujours les mêmes stéréotypes
: ceux de la femme passive, objet prêt à consommer,
toujours partante et sur laquelle on éjacule comme on
lui cracherait dessus. Cet apprentissage de la sexualité
qui ne peut se vivre autrement que comme une prédation
violente crée un climat d'insécurité permanente
pour les femmes. Dans la rue, dans le métro, au travail
et même parfois chez des proches, refuser de répondre
au désir des hommes, c'est s'exposer au minimum à
l'insulte, au pire au viol ou au meurtre.
Pourquoi
s'étonner alors que les viols soient si nombreux et, parmi
eux, que les viols collectifs commis par des adolescents soient
en augmentation ? On s'imagine souvent que le viol est le fait
de pervers, de malades. Il s'agit au contraire d'un problème
social : c'est la société qui crée les violeurs.
Le viol n'est pas le résultat d'une pulsion sexuelle incontrôlée
mais un instrument de domination. En prison par exemple, les
prétendus forts, les caïds, violent les soi-disant
faibles (jeunes, hommes «efféminés»,
homosexuels) pour leur signifier qu'ils sont au bas de la hiérarchie,
pour les ravaler au rang de «gonzesse». Ainsi, celui
qui servira d'esclave sexuel au sein de la cellule sera aussi
astreint aux taches ménagères.
La violence
sur les femmes est physique, psychologique et surtout sociale.
C'est bien le système qui la crée. La violence
est à la fois une conséquence et un instrument
du patriarcat. En France comme en Afghanistan, pour les femmes
violées ou battues ici, lapidées là-bas,
brûlées vives ou excisées ailleurs, il est
des combats que l'on ne peut plus remettre à demain.
Anne
TURLURE
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